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De la côte équatorienne au désert péruvien

Montañita - En arrivant dans ce village hippy de bord de mer on subit le décalage horaire des fêtards et des surfeurs. Nous devons nous mettre à l’heure des travailleurs argentins : artisans, masseurs ou pâtissiers en herbe. Ils arrivent ici en masse et restent des mois en tant que volontaires dans les auberges le matin, surfeurs l’aprem et le soir comme rabatteurs de boites de nuit. On les reconnaît facilement grâce à leur accent : « una playa » devient « una placha » etc.

Nous vivions au rythme des vagues et des soirées.

Dans ce monde de Cumbia, Bachata, salsa et autre … (ce vocabulaire que même après plusieurs mois nous n’arrivons pas à différencier) les fêtards en manque de musiques électroniques s’échouaient ici.

À Montañita nous nous sevrions des cinq fruits et légumes par jour grâce aux Coctelerias. Chaque soir un cocktail de fruit frais chargé de vitamines et d’alcool fort, nous aidait à dormir plus vite et à remplir notre capital de vitamine A et C.

Nous étions installés dans un terrain en bout de plage : un endroit encore sympa et calme malgré la déferlante de routards plus ou moins paumés ou avisés. Un restaurant dans le camping nous servait le midi des assiettes généreuses que nous patientons souvent longtemps avant de les avoir devant nous. La cuisinière originaire de Medellín, était aussi charmante que la Colombie tout entière.

Nous avons donc retrouvé Alex et Audrey pour le trente-neuvième anniversaire d’Alex. Sur place ils avaient eux aussi retrouvé une famille argentine : une mère (Carolina), ses trois enfants (Kai 7ans, Tao 6ans et Fefou 3ans) et le frère de Carolina : Marian (un champion de Windsurf, sorte de Robinson-Jésus-Poséidon). Bien qu’originaire d’Argentine, ils vivaient depuis plusieurs années en Californie.

Alex et Audrey voyageaient depuis plus d’un an déjà. À bord de leur van prénommé l’Original, ils écumaient les lacs, les rivières et les océans pour satisfaire leur besoin en sport nautique. Ils étaient fan de stand-up paddle et de Windsurf (planche à voile). Après avoir démissionné et vendu l’entreprise familiale ils avaient le budget pour partir sur les routes européennes, américaines et africaines. Ils étaient heureux et ouverts aux autres. Nous les écoutions raconter leurs aventures, leurs anecdotes et courses : celle du lac Tao où Alex a fini deuxième « car il avait un 22pieds et moi un douze. Du coup quand il donnait deux coups de pagaies, moi j’en donnais vingt ! ... »

En route avec Alex et Audrey et les Argentins. Nous voyageons avec eux, partageant leur quotidien nomade et d’aventuriers. Nous étions un grand groupe, nous mettions pas mal de temps pour choisir à manger ou décider où aller mais nous vivions de beaux moments de voyage et de vie.

Kai, Tao et Féfou, les trois petits blonds me regardaient souvent écrire des mots inconnus dans mon carnet et parfois me demandaient de traduire. Ils jouaient du matin au soir, du soir au matin. La journée était pour eux une partie de jeu. Ils parlaient anglais entre eux, espagnol avec les autres. Ils mixaient les langues et les accents parfaitement. Enfants du voyage, enfants de liberté, ils riaient et étaient heureux. Ils étaient beaux à regarder.

Le voyage avec Alex et Audrey à bord de leur van était facile, grâce à eux nous arrivons rapidement à la frontière péruvienne.

Pérou : le nord, le désert.

Le nord du Pérou diffère nettement de l’Équateur par ses paysages. Nous roulons dans des déserts, des routes parmi les dunes. À cause d’Humbolt, un courant marin froid, la région subissait une absence de précipitation. C’était le pays du sable.

Nous suivons la côte et nous arrêtons parfois sur une plage où certains sortent les planches de surf, d’autres les carnets d’écriture et d’autres encore s’enlisent dans le sable avec leur van.

Nous traversons le désert de Séchura. Nous nous arrêtons à un moment près d’une grande dune. Soudain nous avons sept ans, nous crions , levons les bras au ciel. Un vent d’insouciance et de liberté nous poussait et accompagnait chacun de nos pas. Nous étions beau. Nous étions heureux. Nous vivions. Sautant du haut de la dune nous riions de bonheur pur.

Un soir, nous arrivons dans une ville côtière et nous nous installons sur une falaise non loin d’un phare. Après avoir mangé, les foyers de cigarette rougeoyaient dans le noir, nous offrant quelques moments de silence où nous écoutons le vent et les vagues...

Les visages se croisent dans les villages

Et les regards se dévisagent.

Soleil qui se lève

Cailloux qui ruissellent

C’est le matin qui nous éveille

Et la mer qui nous appelle.

Sable et vent du désert

Nous nous faisions grains parmi le sable.

…

Poussé par une envie de voyager seul et d’avancer plus vite Bertrand parti le 14 mai. Le dernier à Ushuaia paie sa bière, c’est ça ? :)

Dans la même journée nous arrivons à Huanchaco, une petite ville en bord de mer.

Nous nous installons dans un très beau camping, vue sur les vagues. Au-dessus de nos têtes volaient des tourterelles aux yeux bleus qui venaient gober certains fruits verts. De plus petites se disputaient une branche fleurie. Des oiseaux rouges s’approchaient parfois de mon hamac. Seules venaient perturber mes contemplations, des fourmis qui me grimpaient sur les tibias ou sur mon écran. On entendait les bruits des fermetures des tentes, comme à la fin d’un cours où les trousses d’écoliers se ferment le plus rapidement possible entrainant un effet d’enchainement où toutes les autres se ferment en cascade.

Le 15 mai Adrien a 24 ans ! Soirée Croque-Monsieur et Pisco (boisson nationale ressemblant à un léger whisky) !

Pour l’occasion Adrien reçut un tour en bateau « totora », de la part d’Audrey et Alex ainsi qu’un beau T-shirt. Le Totora est une petite barque de pêcheur faite en botte de roseaux tressés, utilisé depuis des siècles dans ce village et sur les rives du lac Titicaca. Pendant trente minutes Adrien dût jouer avec les vagues et les courants. Une partie d’équilibre, gagné par le radeau !

Huanchaco était le parfait endroit pour allier surf, détente et visite. Pendant qu’Alex sortait son paddle, nous allions visiter avec Audrey le site archéologique de Chan Chan qui était la capitale des Chimú entre le XIème et le XVème siècle après JC. De l’ancienne citadelle des Chimú ne reste que des remparts finement décorés, construits en adobe (brique de terre et de végétaux). Mais certains haut de plus de 9m et érigés sur une surface de 28km2 facilitent notre imagination nous montrant l’importance de ce site.

La famille s’en est allée un après midi, emportant la joie, les jeux et l’insouciance des enfants qui nous plaisaient tant. Le plus petit nous offrit un long câlin à chacun, le second une accolade respectueuse et ce fut difficile d’obtenir un au revoir du plus grand. Nos mains s’agitèrent dans tous les sens derrière le 4x4 démesuré. Quand nous rentrâmes dans le camping, le jour tomba. Ils nous manqueront surement plus qu’on ne leur manquera.

Puis nous partons à notre tour. Direction Lima.

Ville de Moche – Les moches [Motché] étaient une civilisation pré-inca ayant fleurie entre -100 av –JC et 600 ap JC. Ils nous léguèrent des poteries, des pièces d’or ou d’argent finement travaillées et d’immenses temples pyramidaux (Huacas del Sol et Huacas de la Luna). Ils ne leur restent aujourd’hui qu’une ville homonyme qui sent la pisse dans la poussière et les déchets de poisson...

Pour échapper au désert continu de la côte et pour admirer la Cordillère Blanche nous fîmes un détour par Huaraz avant d’arriver à Lima. Après plusieurs heures de piste où le van subit pas mal, nous arrivons près du lac Llanganuco, un lac aux eaux magnifiquement turquoises cerné de pic enneigés à plus de 6000m. Ça sentait les genêts en fleurs, les eucalyptus et l’air frais des montagnes. On entendait les ruisseaux fuir les hauts plateaux et les canards et les mouettes andines se battre pour des algues.

Depuis le début du voyage nous essayons de réaliser des défis que nos familles et amis nous ont assigné. Aujourd’hui Adrien a tenté de réaliser celui de Charlotte et Léa : arracher un poil de lama. Au premier essai Adrien se fit cracher dessus. Au deuxième, arrivant par derrière, Adrien réussit à arracher un poil de cul de lama. Vidéo à l’appui ! Merci les filles pour vos défis, on s’éclate en les réalisant !

Nous reprenons la route pour Lima mais la nuit commençait à tomber rapidement et nous fîmes une pause dans un village à 4100m. Le froid nous réveilla tôt, assez pour admirer un lever de soleil entre lacs et montagnes enneigés. Sans doute l’un des plus beaux de nos vies malgré le froid. La tente avait entièrement gelé et le givre avait même recouvert l’intérieur du van d’Audrey et Alex ! Après un petit déjeuner pain, fromage des montagnes et café nous repartons pour Lima.


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