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San Salvador, el precioso

« Bon, on fait comment pour le Salvador et le Honduras ?

  • Moi j’ai envie de les faire !

  • T’es sûr ? Franchement, je ne le sens pas trop !

  • Mais si. Tu sais c’est dans ces pays que tu peux rencontrer les plus belles personnes de ta vie !

  • Oui, comme les moins appréciables ! »

Les raisons de nos hésitations à traverser le Salvador et le Honduras sont leurs dangerosités. Ce sont les deux pays du monde (hors pays en guerre) les plus dangereux. Pour appuyer ce jugement : le nombre de crimes par jour montant à 80 et le nombre de meurtres pour 100 000 habitants, la violence des maras (gangs), les trafics de drogues importants…

Et cela fut notre quotidien pendant la traversée de ces pays…

Non, on rigole, pas du tout !

Les premières notes du Salvador sonnent comme un élixir doré. A la frontière nous demandons à un couple d’espagnols expatriés de nous avancer un peu. Puis à S.. où nous demandons notre chemin dans une boulangerie, Ana (l’une des clientes) nous offre l’opportunité de nous déposer sur notre chemin. En cour de route elle nous propose plutôt de nous déposer dans un hôtel où nous pourrons camper gratuitement. L’hôtel est tenu par sa sœur de cœur et cela lui donnera l’occasion de lui dire bonjour. Arrivés à notre destination : la Playa El Zonte, hôtel Casa Frida, nous n’en croyons pas nos yeux ! Nous sommes au paradis !

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L’hôtel longe l’océan et une plage volcanique, le sable est d’un noir profond. De vieilles coulées de lave sont échouées sur le bord. L’eau est chaude. Tropicale. Nous sommes dans le jardin de l’hôtel, où entre chaque cocotier sont installés des hamacs. Lors du coucher de soleil, le ciel se part d’une robe rouge tirant sur le violet. Magique. Magnifique. Paradisiaque. Vive le Salvador ! De plus la plage est un bon spot de surf et nous pouvons louer des planches de surf à la journée pour une somme modique.

  • « Tu l’aimes ta vie ?

  • Oui, oui je l’aime ma vie ! »

Dans le petit comedor (boui-boui) à côté de l’hôtel, notre nouvelle cantine, nous mangeons des « pupusas » : des galettes de maïs ou de riz fourrées à la viande ou aux petits légumes et toujours accompagnées de fromage. Une nourriture locale, simple et bonne.

Un midi, en revenant de notre cantine, nous nous retrouvâmes devant une vision familière. Un van bleu et blanc.

  • « Ca ne serait pas le van de Rémi et Kévin ?

  • Bah si je crois ! »

Au détour d’un chemin nous apercevons nos deux protagonistes.

  • « Hey ! Kévin, Rémi ! Les copaings ! »

Après de franches retrouvailles autour d’une bière (ou deux) où l’on se raconte nos péripéties et nos fêtes de fin d’années, nous retournons dans notre tente très heureux d’avoir retrouvé ces deux surfeurs-voyageurs.

*pour revivre la rencontre avec Kévin et Rémi : article le Mexique, la traversée de la Baja California.

Nous restons un jour de plus au paradis, puis nous repartons tous ensemble pour une autre plage, celle de El Tunco, dont son ambiance festive et son spot de surf nous ont été vivement recommandés. Arrivée à El Tunco nous recherchons un lieu pour le van et notre tente. Dans les rues de la ville Kévin et Rémi croisent deux salvadoriens qu’ils avaient rencontrés quelques jours plus tôt. Klandestino et son ami Libro nous offrent l’hébergement. Nous arrivons dans un … « on ne sait pas trop quoi », ressemblant plus à un squat d’artistes qu’à un logement. Nous posons notre tente sur le sol en dalle de la pièce principale (qui est à l’air libre).

Kévin voulant retrouver des amis au Nicaragua, il partira le lendemain matin en bus. Nous restons avec Rémi.

Nous restons trois nuit « chez » Klandestino. Une après-midi nous « profitons » de l’absence de vagues pour découvrir les cascades de la région accompagnés de quelques salvadoriens. Arrivés aux cascades, situées à la fin d’un joli canyon, le défi qui nous est proposé est de sauter du haut de ces cascades. Le premier saut à 5-6 mètre. Le deuxième à 7-8 mètre. Le dernier à 12-15m. Nous sautons. En ressortant la tête de l’eau, on nous applaudis, nous sommes des leurs !

Avant de repartir nous voulions poser quelques questions à notre hôte sur sa vison de son pays et de sa vie en général. Nous allons essayer de tirer son portrait le plus fidèlement possible.

Klandestino a 24 ans. À 10 ans il a fui sa maison car il ne s’y sentait pas bien. Il vécut plusieurs années dans la rue, vivant de petits boulots. Klandestino a été 11 mois en prison pour possession d’une livre de marijuana. Maintenant il vit de temps en temps avec sa grand-mère, qui prend soin de lui et le nourrit bien. Pour vivre il fait des shows dans la rue avec ses amis (musique, bolas en feu, chant…). Grâce à l’argent récolté il s’achète à manger et à fumer. Il est aussi porteur d’un très beau projet : aménager un centre artistique et culturel pour les enfants des rues. Le centre, c’est là où nous avons posé notre tente. Il organise déjà régulièrement des évènements de danse, de peinture et de musique.

Ses bras sont couverts de tatouages, dont un où Bart Simpson défèque sur la politique, et son corps en général en possède plusieurs.

Quand nous lui demandons ce qu’il pense de son pays voici ce qu’il nous répond :

« Déjà, il n’y a pas beaucoup de « bon » travail. En plus on ne gagne rien. Le salaire minimum est de 250$ à la capitale et de 200$ dans le reste du pays. On travaille énormément pour parfois rien du tout. Et puis beaucoup de choses sont chères. Notre pays a beaucoup souffert de l’ancien gouvernement de droite qui est resté 20 ans au pouvoir (ARENA). Certains dirigeants ont volé énormément d’argent. Maintenant, c’est la gauche qui est au pouvoir (FMLN). C’est un peu mieux. Il y a des petits changements. Ils ne peuvent pas tout faire bien sûr. Déjà on a de belles routes dans tout le pays ! … Mais les services publics sont très mauvais, voire inexistants. Par exemple, on a de très bons docteurs mais dans les hôpitaux publics les gens meurent en attendant les soins. On a très peu d’hôpitaux alors que nous sommes le pays d’Amérique latine le plus densément peuplé. Notre pays a aussi beaucoup souffert d’une guerre civile de 12 ans entre 1980 et 1992. Maintenant les citoyens de ce pays ont besoin d’être et de se sentir unis. On a de l’espoir dans le gouvernement mais il ne peut pas tout faire… »

Quand nous lui demandons ce qu’il pense des USA il nous demande, avec un grand sourire, si nous n’avons pas d’autres questions.

Alors nous lui demandons, s’il avait la possibilité de dire quelque chose à nos lecteurs, à vous, ce qu’il aimerait dire :

« Invitez vos amis à venir ! Ici c’est cool ! Il y a les plus belles plages, il y a des soirées, on s’amuse bien ! Si les gens viennent en étant humble et en ne faisant pas le « gringo », nous les accueillerons les bras ouverts ! Ici on s’en fouy de ta couleur de peau si tu es sympa ! »

Nous méditons ses paroles qui parfois font comme un écho dans nos têtes.

Un impératif nous pousse à avancer : la venue de la famille de Ségolène le 7 février à San Jose au Costa Rica. Il nous reste donc un peu plus de deux semaines pour profiter du Salvador et du Nicaragua. Rémi voulant être au Nicaragua à la fin du mois de janvier, cela colle avec notre « emploi du temps ». Nous ferons donc la route avec lui.

Nous repartons dans le van bleu et blanc (RNSTO, lire Ernesto) avec Rémi. Nous nous arrêtons une centaine de km au Sud Est : un dernier arrêt avant la frontière hondurienne.

Dans le camping Tortuga Verde, nous plantons notre tente au milieu des cocotiers, face à l’océan. Les 33°C quotidien nous assomment l’après-midi et nous en profitons pour lire, écrire des articles, surfer et ne rien faire !

Bon, et toi, quand viens-tu nous rejoindre ?


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