top of page

Guatemala : Guatebuena !

Bienvenidos a Guatemala !

Nous continuons à exercer notre pouce dans ce nouveau pays. Rapidement nous nous retrouvons à l’arrière d’une camionnette, nous déposant non loin des ruines de Tikal, sur les bords du lac Petén Itzá.

Tikal, la mère des citées mayas, le cœur d’une civilisation. Tikal impressionne déjà par son immensité. Deux jours de visites sont nécessaires si l’on veut tout apprendre de la cité, si l’on veut observer chaque bas-relief caché et gravir chaque marche des nombreux temples. On accède au site après avoir roulé 10km dans la jungle. Plusieurs temples et pyramides ne sont pas encore complètement dégagés de la végétation, faute d’argent, mais qui fait le charme de ce monde perdu. Entre chaque monument, nous empruntons de petits chemins en terre, au cœur de la jungle. Au travers d’un sentier, nous faisons la rencontre d’un animal encore jamais rencontré : un Pizote. A mi-chemin entre le chien et le lémurien, ce petit omnivore se déplace en groupe. Très peu intéressés par notre présence, ceux-ci se laissent photographier de près, pour notre plus grand plaisir ! Nous passons plusieurs heures dans les ruines. Du haut du temple IV, à 70m de hauteur, nous surplombons toute la forêt. Quelle vue ! Seuls trois autres temples dépassent de la jungle. Sur le chemin du retour, des restes de fruits tombent devant nous. Nous levons la tête. Au début invisibles, nous apercevons ensuite, à la cime des arbres, deux ou trois singes araignées se déplaçant avec aisance dans les branches. Nous quittons Tikal sourire aux lèvres mais toujours dubitatif quant aux raisons de la disparition de ces civilisations millénaires.

Sur les bords du lac Petén Itzá, notre camp de base, nous trouvons parmi les arbres une liane. Il n’en fallait pas autant pour nous jeter à l’eau.

Nous passons trois jours dans le nord du pays. Mais l’humidité ambiante nous fait regretter les plages de sable blanc et le soleil brulant. C’est pourquoi nous ne tardons pas et nous dirigeons rapidement vers le sud du pays où la météo semble plus clémente. Sur la route nous nous arrêtons dans la ville de Flores. Construite sur une île au milieux du lac Petén Itzá et entourée de forêts nous comprenons pourquoi cette ville fût jadis un petit joyeux. Aujourd’hui son charme est quelque peu passé, sans doute à cause des tours opérateurs survendant la beauté du lieu, aux masses touristiques battant les rues pavées de la ville et au grand nombre de véhicules de transport polluant l’air ambiant.

A la sortie de la ville nous sommes pris en stop par deux policiers, amusés de voir des étrangers sur le bord de la route. Quoi qu’il en soit, ils furent intéressés et impressionnés par notre traversée. 30km plus loin et une photo souvenir plus tard, nous les remercions et continuons à lever le pouce. Notre objectif du jour est la ville de Cobán. À 230km nous pensons y arriver en 3h de route. Dans le beau 4x4 de Lesly et Ramón nous apprenons que Cobán nécessite en réalité six bonnes heures de route. Impossible ! Nous réalisons petit à petit qu’en effet la route sera plus longue que prévue. Rivière à traverser en barque, dos d’ânes très nombreux, absence de route, pluie, lacets dans les montagnes … nous arrivons dans les environs de Cobán vers 22h. Heureusement, Lesly nous héberge ce soir !

Il n’y a pas grand-chose à faire dans cette ville au milieu des champs de maïs mais les alentours sont truffés de petites grottes souterraines. Nous en visitons une : les grottes Del Rey Marcos où nous suivons sur une centaines de mètres une rivière souterraine nous permettant d’admirer de grands stalactites et stalagmites.

Nous quittons Cobán et le nord du Guatemala, toujours sous la pluie. Chanceux nous trouvons deux polonais voyageant en van qui se rendent à Antigua, notre destination du jour.

Antigua, l’une des villes les plus adorables que nous ayons traversé jusqu’à présent. À une heure de route de Guatemala City : une immense métropole grise, sans charme et polluée ; nous arrivons dans cette petite ville colorée, gardée par deux immenses volcans. Nous y resterons trois nuits.

À Antigua nous voulons résider dans le grand terrain de la police touristique, sorte de camping improvisé. Son principal avantage : sa gratuité et de fait, sa sureté. Le problème, nous annonce Mario le policier chargé de l’accueil du site cette après-midi, est que nous ne pouvons nous y installer sans véhicule (pour des raisons de sécurité).

  • « Je vais devoir chercher mon chef pour lui demander, mais je suis sûr qu’il dira non. Du coup je vais voir si une personne du camping peut dire qu’il est votre ami et ce sera bon. »

N’étant pas sûr d’avoir réellement compris les plans de Mario, nous attendons sans poser de question. Après 10min Mario revient avec un autre policier et une personne du camping.

  • « Maintenant je vais parler en anglais car mon chef (l’autre policier juste à côté) ne parle pas anglais. (parlant à l’autre personne qui se trouve dans le même flou que nous) : vous devez dire que vous connaissez ces trois personnes (nous) et dire que ce sont vos amis car sinon ils ne pourront pas rester ici. »

L’anglais de Mario n’est pas des meilleurs et nous restons tous les 4 sans dire un mot, se regardant dans les yeux pour exprimer notre incompréhension. Puis Mario nous réexplique le fait :

  • You and you friend, if no friend, you not stay.

  • ...

Heu … si si amigo amigo !

  • Si amigo !

Mario à son chef : « ah, tu vois, ils sont amis »

  • "C’est bon vous pouvez rester ici !"

Nous repartons avec un sourire malicieux et remercions notre nouvel ami ! Malin ce Mario ! Nous lui devons une fière chandelle ! Plus tard il reviendra vers nous s’excusant pour son anglais pas terrible. Nous lui dîmes de ne pas s’excuser et que ce qu’il avait fait était génial ! Merci Mario !

Dans ce « camping », nous rencontrons la famille Roux, en voyage depuis sept ans autour du monde. Denis, sa femme et leur trois filles de 13, 11 et 7 ans ont roulé dans leur camping-car sur tous les continents. (la dernière des filles a pris la route âgée de 10 jours !) Le temps d’une soirée, ils nous partagent leurs histoires : la traversée de la Syrie en 2007, l’Iran, l’Asie du sud-est, les Seychelles, l’Amérique... Quelles vies !

À Antigua se fut le moment pour Adrien de se faire graver le monde dans la peau. En 20 minutes tous les continents y sont pour la vie.

Avant de repartir du camping et de prendre la direction du lac Atitlán, Bertrand et Adrien profite d’un match de foot entre sections de policiers pour reprendre le sport. Mais quelques mois sans avoir couru auront vite eu raison des poumons de nos deux aventuriers.

Après une journée de stop très compliquée : conducteurs roulant très vite dans la montagne, mauvaise route empruntée… nous arrivons finalement pour les dernières lueurs du jour au lac.

Atitlán se situe à 1500m d’altitude, sa profondeur maximale est de 340m mais sa célébrité vient de sa beauté. Entouré de montagnes et de volcans, il est considéré comme l’un des lacs les plus beaux du monde. 12 villages le bordent. Nous nous rendons à San Pedro de la Laguna sous les conseils de voyageurs rencontrés auparavant.

A San Pedro de la Laguna, il y règne un parfum chaud et sucré, presque envoutant. On s’en rend compte en observant les passants dans les étroites rues de la ville. Comme sur l’île d’Ogygie où Calypso retint Ulysse 7 années, San Pedro de la Laguna semble avoir ensorcelé nombres de routards. Marchants pieds nus, tee-shirts troués, l’air hagard, certains semblent ne jamais être repartis des bords du lac. Peut-être l’enchantement a t’il lieu au coucher du soleil, où Apollon fait glisser son char entre les volcans donnant au ciel une couleur rouge incandescent ? Ou bien est-ce dans l’onde bleutée du lac, si calme, protégé par sa couronne volcanique ? Depuis un ponton nous nous laissons tenter par un coucher de soleil. Les nuages rouges orangés jouent avec la cime des volcans culminant à plus de 3000m. Peu à peu la luminosité diminue. La couronne volcanique se reflète dans les eaux sombres du lac et à mesure que le soleil disparaît, les douze villages du lac commencent à s’illuminer. Un chef-d’œuvre ! Nous revenons dans le village. Sans un mot, nous comprenons pourquoi cet endroit a envouté tant de voyageurs…

Ne tentons pas le diable et partons pendant qu’il est encore temps ! Nous quittons San Pedro. Mais avant de laisser le lac et ses volcans derrière nous nous tentons de contourner Atitlán par la route à l’instar du bateau (plus facile et touristique). Malheureusement la route n’est pas très fréquentée. Elle est principalement empruntée par des agriculteurs travaillant dans les champs de café, de maïs et de canne à sucre. Nous voyageons donc dans un pick-up, sorte de « taxi », servant aux paysans de transport en commun pour aller et revenir dans les champs. Adrien et Ségolène se partagent la place du mort, Bertrand, moins bien loti, se retrouve avec 17 paysans à l’arrière du pick-up en plus de leur chargement de café et de bois de chauffage. Théo, notre chauffeur, nous explique que parfois, avec le poids du chargement, « c’est comme s’il y avait 30 personnes à l’arrière » ; « et parfois il y a des voleurs sur cette route et ils nous volent notre argent, du coup les jeunes ont peur. Mais moi je n’ai pas peur ». Ok ! L’absence de route et le terrain accidenté manquent plusieurs fois d’éjecter Bertrand du pick-up. Finalement après 1h de route sans encombre nous arrivons enfin de l’autre côté du lac.

Autour du lac l’air était frais et nous le regrettons quand nous descendons les 1500 mètres de dénivelé. Parmi les champs de canne à sucre l’air est chaud et humide. À l’arrière d’un pick-up, nous observons le ciel. Il est gris. Nous philosophons quelques minutes sur sa réelle teinte et sur le risque de pluie :

  • « Le ciel est quand même bien gris

  • Oui mais ça va, les hirondelles volent encore haut

  • Oui mais le ciel est quand même bien gris..

  • Mouais …

  • ...

Ah regardez, maintenant les hirondelles volent très bas, il va sans doute pleuvoir bientôt

  • En plus le ciel est de plus en plus gris.

  • Nan mais regardez, là où on se dirige, le ciel est bleu…

  • ...

Ah, j’ai senti une goutte

  • Non moi ça va

  • Ah ! Moi aussi j’ai senti une goutte »

10 secondes plus tard une énorme averse s’abat sur nos têtes. Bien sûr nous n’avions pas pris le temps auparavant de protéger nos sacs avec leurs capotes imperméables, ni de sortir nos imper ou cape de pluie. Trop tard. Nous sommes trempés en quelques secondes. La pluie fouette la peau, pénètre nos vêtements et notre chauffeur ne s’arrête pas. Nous passons un sale quart d’heure (20minutes !!).

Finalement une accalmie décidera notre chauffeur à nous déposer sur le bord de la route près d’un petit « comedor » (petit restaurant ou boui-boui). Le temps de sortir nos sacs de la voiture, la pluie repart de plus belle. Elle tombera toute la soirée, nous obligeant à chercher un hôtel pour nous mettre au sec.

Le lendemain le ciel est bleu, le soleil brille et le thermostat grimpe. On se dirige vers le Salvador.

2.JPG


bottom of page