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Notre traversée de la Baja California

Le soleil est brûlant et les cactus à perte de vue. Nous sommes sur le bitume mexicain et les mouches nous assaillissent dans ce désert. Les « zopilotes, aves de muerte » tournent au-dessus de nos têtes.

  • « Mais pourquoi faisons-nous du stop dans cet endroit ??! »

Soudain un camion prend un virage, nous l’apercevons au loin. Nous relevons la tête, bombons le torse, levons haut le pouce et esquissons une pauvre tête de « gringos » sympathiques mais en détresse. En arrivant à notre niveau, le chauffeur à l’air d’halluciner. Le camion pile, nous courons à son niveau :

  • « Guerrero Negro ?

  • Si

  • Perfecto !

En une minute nous retrouvons nos forces et nos sourires : gracias !



(...)



Il nous a fallu moins d’une semaine pour traverser la Baja California, une péninsule de 1400km où les cactus sont plus nombreux que les habitants. Nous avions passé la frontière à Tijuana et ne trouvant aucune raison de s’y attarder, nous descendons rapidement vers le Sud. De soir en soir nous dormons sur les plages de la côte pacifique. Nous faisons une halte à Rosario, Primo Tapia et à Ensenada, ville où Bertrand et Adrien ont pu surfer et où nous avons gouté nos premiers tacos : galettes de maïs accompagnées de poissons, petits légumes et sauces. Après Ensenada, nous quittons les plages pour les terres, le désert et les cactus. Des forêts de cactus ! Nous rencontrons José, photographe et capitaine d’un petit bateau et Austin, étudiant en biologie marine, terminant sa thèse sur les requins baleines (très présents dans la région) qui nous avancent de plusieurs centaines de km et nous hébergent. Avec eux nous goûtons à nos premiers plats très typiques du Mexique. Le soir : épis de maïs au jus de citron vert, mayonnaise/beurre ou sauce piquante. Le matin : œufs brouillés et pommes de terre, purée de haricots et tortillas (galettes de blé/maïs).



La route vers le sud de la Baja California se fait assez rapidement. Notre but est d’atteindre La Paz où nous prendrons un ferry pour le continent. En route nous faisons la rencontre de Rémi et Kévin, deux français partis de Californie en van, descendant jusqu’au Panama en longeant le Pacifique et ses spots de surf. Avec eux, nous arrivons à La Paz. Après une soirée à la Tequila et une nuit à l’hôtel nous nous séparons. Eux partent plus au Sud, et nous, nous voulons aller au port acheter des billets pour le ferry le lendemain. Le port se trouvant à 20km du centre-ville, nous décidons de faire du stop.



Bertrand : « Si ça se trouve on va rencontrer des gens très sympa qui vont nous héberger.

- Mouais … »



10 min plus tard Ilaria et Francesco, un couple d’italiens, s’arrêtent. Ils nous amènent au port. Nous sympathisons rapidement et après 5 min Ilaria (qui parle très bien français) propose de nous héberger dans la grande maison, prêtée par un de leurs amis. Finalement nous restons trois nuits dans cette villa à 40km au Sud de La Paz. Le seul voisin est un écrivain et chanteur de 70 ans passant plus de temps au bar de la plage que dans sa maison. Un artiste….



Entouré de collines, l’endroit avait une force d’une douceur épineuse. Un caractère piquant rougeâtre et la volupté bleue profonde de l’océan. Pendant trois jours nous apprécions les plages désertes, les eaux turquoises et poissonneuses, la compagnie et la générosité de Ilaria et de Francesco, la piscine dans la villa … trois jours exquis. Merci énormément !



Après de grands au revoir, nous nous dirigeons vers le ferry. A l’entrée nous avons la bonne surprise de retrouver Rémi et Kévin ! Nous faisons aussi la connaissance de Alex et Audrey, deux français partis en voyage pour deux ans. La traversée en ferry, bien qu’assez longue (20heures) passa relativement rapidement grâce aux films diffusés à bord (The Hobbit 2ème partie, Jason Bourne, King Kong …), aux parties de cartes et aux longues recherches d’un endroit pour dormir. En effet, n’ayant pris qu’un siège (et non une cabine), nous avons du mal à dormir dans la pièce bondée et sur-climatisée du bateau. Finalement à trois heures du matin, après avoir essayé de dormir sur le pont à la belle étoile et dans le réfectoire sous les tables, Ségolène et Adrien ont pu trouver refuge dans la cabine d’Alex et Audrey. Nous arrivons vers 14h avec trois heures de retard, nous ayant permis d’admirer des dauphins surfant sur la vague du ferry.



A terre nous continuons notre route avec Kévin et Rémi. Nous trouvons un endroit non loin de la côte, à l’écart des principales habitations. Après avoir monté la tente sur un sol poussiéreux avec plein de petits cailloux et installé nos tapis de sols et duvet nous entamons une partie de cartes. Avant même d’avoir fini de les distribuer, deux grosses voitures en plein phare s’approchent de nous.

  • « Si ça se trouve c’est les flics

  • Oui, et il vont nous dire qu’on ne peut pas rester ici … »

Les deux gros pick-up nous cernent. Au moins 6 policiers, sur- armés , lampes torches à la main descendent des deux voitures. Calmement nous nous levons et nous dirigeons vers eux.

  • « Holà seniors, que faites-vous ici ?

  • Bonsoir, nous venons de Mazatlán, nous cherchions un endroit où dormir mais nous n’avons rien trouvé et le moteur du van a commencé à chauffer alors nous nous sommes arrêtés ici, à l’écart, pour ne déranger personne ..

  • D’accord mais vous ne pouvez pas dormir ici, c’est trop dangereux. Il y a un ranch de l’autre côté.

  • Ah bon c’est dangereux ? Ah et bien merci, c’est gentil de nous prévenir ! Un ranch vous dîtes ? Mais nous savons pas où il est …

  • Remballez vos affaires, montez dans votre camion et suivez nous.

  • Ok


Après avoir vidé et démonté la tente en moins d’une minute, nous nous retrouvons dans le van, escortés par les deux véhicules. Notre groupe s’arrête 700m plus loin dans une propriété ne ressemblant en rien à un ranch. Une femme sort de la maison et accueille notre escorte très amicalement.


A ce moment on se dit qu’il doit y avoir une combine entre les policiers et cette femme ; tous les touristes de la région ramassés par les forces de l’ordre doivent être conduits ici et doivent payer le prix fort pour avoir été conduits dans un lieu en sécurité …

La femme vient vers nous, grand sourire, nous tend la main et nous accueille.


« Vous êtes ici chez vous, vous pouvez garer votre véhicule ici et planter votre tente là. Je suis le shérif de la ville, alors ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité.

  • Woua ! Et bien Muchas Gracias !! »



Nous dîmes au revoir à notre ancienne escorte et serons la main de chaque policiers (en les remerciant).

Surréaliste.



Nous replantons notre tente sur un parterre d’herbe, bien plus confortable que notre ancien emplacement. Jouons aux cartes et allons dormir.



C’est le chant du coq qui nous réveilla et nous nous demandons pourquoi la France a choisi un tel emblème ! A 8h du matin la propriétaire, très bien habillée et maquillée sort de la maison accompagnée de sa fille. A la main, café et tortillas pour nous cinq. Un petit déjeuner servi par le shérif de ville… vous aviez déjà fait ça vous ?



Le ventre plein et la tente repliée nous partons après une dernière séance photo.

Vers la ville de Tepic, nous dîmes « à bientôt » à Kévin et Rémi car nous avons le sentiment que nos routes se recroiseront. Bonnes vagues les mecs !


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